Notre histoire est si différente.

J’ai longtemps cru que l’avenir appartenait à ceux qui se lèvent tôt. Longtemps cru que rien ne serait différent maintenant. Hors, j’avais tort. J’aurais du me douter que je n’étais plus comme les autres. Que ma différence, certes secrète envers les humains, changerait ma vision des choses et modifierait forcément mon comportement. Pourtant, j’ai fait l’erreur de croire le contraire. L’erreur de penser, que je pourrais encore vivre en compagnie des humains. Cela est faux. Bien entendu. Il suffit que je sois poussée par mon instinct, et je serais accrochée à leur cou. Simplement parce que ce qui m’habite est horrible. Ce qui m’habite tue, pour tuer, manger, pour survivre. Ce qui m’habite a le contrôle de certains de mes actes. Ce qui m’habite, et bien…Je l’aime, car il fait parti de moi et que si je m’en séparais…ce serait la fin de ma propre vie.

Le réveil aurait pu être plus douloureux. En toute sincérité, elle se demandait bien s’il n’allait pas être atroce. Elle se demandait, si son corps ne criait pas le martyr et que son esprit ne cajole pas les souffrances inutiles. Et pourtant, ce réveil n’était pas affreux. Au contraire, il était plutôt délicat. Comme si de toute façon, elle était vouée à souffrir et que maintenant ce n’était plus qu’un problème mineure. Se relevant doucement, Isie, contempla la pièce avec une étrange lueur dans les yeux. De la joie ? Non, plutôt du soulagement. Elle contempla la pièce. Tout irait bien maintenant. Les cauchemars ne viendraient plus la hanter. Les réveils ne seraient plus douloureux. L’esprit ne serait plus complètement inquiet des moindres faits et gestes de la jeune fille. Non, maintenant, elle se trouvait dans un lieu, où les gens la comprendraient. L’excuseraient de ses erreurs passées. Et peut-être qu’elle arriverait à être enfin détendue. A ne plus s’inquiéter.

J’étais arrivée hier. Hier, vous vous rendez compte ? J’avais encore du mal à concevoir tout cela. Simplement, je savais que tout irait bien maintenant. Mon arrivée n’a pas été vue. Comme si j’étais transparente. Tant mieux. Je me demande comment j’aurais réagi. Je n’ai pas eu de conflits émotionnels non plus. Ce qui est une avance considérable et absolument pas négligeable ! J’ai reçu ma clé. J’ai découvert le secrétariat. Pour la première fois depuis un certain moment, je me suis sentie en paix avec moi-même. Qui aurait pu déranger mon agréable arrivée ? Personne. J’étais bien trop heureuse, de me retrouver dans un lieu, où je ne risquais pas de tuer…Enfin, passons.

Elle se prépara, prenant son temps, sans se presser. Elle attrapa dans sa valise, encore faite, un haut noir qui soulignait ses formes. « J’écris donc je suis » était inscrit en petit sur le côté droit du tee-shirt. Elle enfila rapidement un jean. Une fois prête, elle contempla sa montre, un long moment, et se demanda, quand serait-elle prête, dans sa tête. Aujourd’hui, ce ne serait pas pareil. Pas la même magie qu’hier. Elle serait détendue, mais elle savait qu’elle trouverait rapidement d’autres inquiétudes. Elle se torturait trop l’esprit. C’était ça, son premier problème. Soudain un bruit retentit. La demoiselle sursauta et se retourna précipitamment. Oh…Ce n’était que son portable. *Ta conscience te travaille…C’est impressionnant ma pauvre Emie !*. Elle s’avança vers le petit appareil et l’éteignit, sans jeter un coup d’œil à ce qu’il pouvait afficher. Prise de courage, elle sortit. Elle était prête.

Prête…Enfin, peut-être pas tellement. Je croyais que je l’étais, mais dans le fond, je commençais déjà à avoir peur. Pourquoi, je devenais encore inquiète ? J’étais avec des gens qui me comprenaient…Et pourtant. J’avais si peur. Enfaîte, en y réfléchissant, je crois que je paniquais pour autre chose. Et si les gens me détestaient. Si je ne retrouvai pas des amis tels que ceux que j’avais connus…lorsque je n’avais pas changé ? Je sentis à ses pensées mon cœur se serrait un peu. J’aurais tout donné pour revenir en arrière. Effacer, cette journée…Cette soirée…Effacer tout de ma mémoire. Oublier simplement. Mais apparemment, cela n’était pas permis. Une interdiction très stricte.

Marchant sans grande conviction, en oubliant presque qu’aujourd’hui elle aurait du être en cours, elle s’éloignait vers ses songes. Enfaite, on l’excuserait sans doute de manquer les cours. Elle était nouvelle après tout. Elle s’arrêta tout d’un coup, tournant son regard à droite et à gauche. Ah…Il faisait bon. Le soleil tapait plus fort que prévu. Le printemps semblait montrer un peu de son petit bout du nez. Les températures n’étaient pas chaudes. Non, simplement 20 degré. Mais quand même. Il faisait bon. Isie portait heureusement un petit pull. Elle avait manqué de l’oublier en partant, mais avait réagi au dernier moment. Tant mieux. Elle dégagea ses cheveux de son visage, dévoilant ainsi un joli visage, fin et gracieux. Avançant doucement, à la douce lueur du matin, elle laissa son regard se posait sur le paysage. C’était beau. C’était magnifique. C’était féerique.

Enfaîte, j’aimais tellement ce paysage, car je m’y sentais bien. Les élèves étaient en cours et je ne redoutai donc pas que quelqu’un vienne me déranger. Dans le fond, j’avais comme même un peu envie que l’on vienne à ma rencontre. Mais ma timidité maladive, prenait souvent le dessus sur mes envies. Qu’importe.

Doucement, elle s’arrêta contre un arbre et se reposa contre le tronc. Elle ferma délicatement les yeux. Le soleil tapait sur son visage. Tout irait bien, maintenant…Le silence semblait avoir imposé sa loi. Hélas il fut vite détrôné.